MANGUIN, LA VOLUPTÉ DE LA COULEUR
Fondation de l’Hermitage, Lausanne
Commissariat scientifique : Marina Ferretti, directrice du musée des impressionnismes Giverny
QUI S'EST TENU DU 22 JUIN AU 28 OCTOBRE S'EST ACHEVE
Du mardi au dimanche de 10 à 18h et le jeudi, de 10 à 21h
Par Colette de Lucia (texte & photos)

Les Aloès à Cassis, 1913 - collection privée, Berne Cette œuvre représente le cap Canaille, situé entre Cassis et la Ciotat que Manguin voit depuis la terrasse de la villa Villecroze où il séjourne durant les étés 1912 et 1913. La variation de la gamme chromatique et les différents effets de la lumière du Midi occupe le peintre. Les tonalités chaudes de l'œuvre Les aloès en fleurs à Cassis laissent à penser que le peintre a posé son chevalet sur la terre ocre du site en fin de journée. Les osselets, Cassis, 1912-1913 - collection privée Deux étés durant, en 1912 et 1913, Henri Manguin loue la Villecroze sur les hauteurs de Cassis. La palette des couleurs semble s'être assagie, se composant de tons naturels: les ocres des roches et le vert de la végétation, les horizons bleus de la mer et de la montagne. Le titre fait référence au jeu des osselets, ancêtre du jeu de dés auquel participent toute la famille: Pierre et Claude - les deux fils du peintre Jeanne, allongée, et Lucile, debout. Flora, 1915 - huile sur toile - Villa Flora, Winterthour Nu de dos au coussin vert, 1915 - collection privée | Cet amoureux inconditionnel de la couleur, artiste fidèle à l’expression d’une sensualité heureuse, peignant avec volupté des nus, les paysages de sa chère Méditerranée, de sa famille ou de belles natures mortes, a bien connu Albert Marquet et Henri Matisse en 1892, lorsqu’ils fréquentaient tous trois l’Ecole des Arts décoratitfs. Puis, ces jeunes artistes sont entrés à l’Ecole des Beaux-Arts en novembre 1894, précisément dans l’atelier de Gustave Moreau, et très vite ils ont formé un groupe de jeunes peintres qui, avec André Derain et Maurice de Vlaminck, ont été baptisés « Fauves » au Salon d’automne de 1905. Cette année-là, le mouvement de fauvisme débute. Il prône l’utilisation libre de la couleur aux teintes éclatantes et il célèbre surtout la beauté de la nature du Sud et en particulier, celle de la Méditerranée. Dans cette exposition, on fait justement la part belle à cette période fauve durant laquelle Manguin fit preuve des mêmes audaces que ses amis peintres, allant même jusqu’à les précéder. toujours en quête de moyens expressifs neufs, au travers de la couleur. La Fondation de l’Hermitage vous donne ainsi la joie de découvrir de somptueuses harmonies chromatiques, des toiles de cette époque réalisées par Henri Mauguin, avec un talent qui n’égal que son inventivité hors pair. Au travers d’une centaine d’œuvres - peintures, aquarelles et dessins tous confondus - il vous sera donné de les admirer, section après section, la première étant dédiée à la période durant laquelle Mauguin se forme, avec un choix de compositions colorées; puis une autre section, correspondant à la période fauve, avec des œuvres aux couleurs intenses, réalisées à Saint-Tropez, révélant son amour pour la Méditerranée. Dans une autre encore, ce sont des tableaux flamboyants, surtout des nus ou des paysages acadiens qui témoignent de l'exaltation que Manguin éprouve pour ces thèmes-là et révèlent son don artistique dans ce coin de paradis. Par ailleurs, un ensemble d’aquarelles viendra illustrer la période où il s’initie à cette technique qu’il maîtrise à merveille, libérant la couleur à l’envi. Durant la guerre, en 1918, Mauguin s’installe en Suisse, ce pays qui l’accueille sera également évoqué, dévoilant tout son art, loin de la tragédie qui se joue en Europe. Enfin une large section biographique complétera la visite en dévoilant de nombreuses photographies et documents d’archives. Fruit d’un partenariat avec le Musée des impressionnismes Giverny, qui a accueilli la première étape de l’exposition du 14 juillet au 5 novembre 2017, cette exposition s’accompagne d’un catalogue que le visiteur peut acheter. Il est richement illustré est édité à cette occasion, avec les contributions de spécialistes de Manguin et du fauvisme : Corinne Currat, Charlotte Hellmann, Dominique Lobstein et Jean-Pierre Manguin. © Colette de Lucia Les calcéolaires, 1913 - huile sur toile - collection privée, Berne |