L'HÔTEL BIRON AU FIL DU TEMPS,L’hôtel Biron, autrefois appelé l'hôtel Peyrenc de Moras et dont la construction rue de Varenne s'est achevée en 1732, abrite le merveilleux musée Rodin, depuis 1919. Fleuron de l'architecture rocaille parisienne, ce bel hôtel particulier accueille, aujourd'hui, sur deux étages, non seulement de nombreuses œuvres d'Auguste Rodin et de Camille Claudel, mais également des peintures, sculptures, et œuvres antiques, toutes issues des collections de Rodin. Nous vous invitons à découvrir ainsi l'histoire de cet hôtel particulier, avant qu'il ne devienne ce beau temple dédié à l'Art! Colette de Lucia L'HÔTEL BIRON AU XVIIIE SIÈCLE Le riche financier Abraham Peyrenc de Moras (1686-1732) fut à l'origine de la construction, entre 1727 et 1737, d'un hôtel particulier rue de Varenne. Les plans suivis par l'architecte du roi, Jean Aubert, sont dans le plus pur esprit d'architecture rocaille, à la mode à l'époque. Situé en bordure de l'agglomération parisienne, l'hôtel est à la fois une maison de ville et une maison de plaisance. Abraham Peyrenc de Moras décède en 1732, avant l'achèvement des travaux, notamment ceux de la décoration intérieure du premier étage. Dès 1736, sa veuve loue à vie l'hôtel à la duchesse du Maine. L'architecture extérieure du bâtiment est alors peu modifiée. En revanche des transformations sont effectuées sur la distribution des pièces, à l'intérieur de l'hôtel. À la mort de la duchesse en 1753, la veuve d'Abraham Peyrenc de Moras vend le domaine à Louis-Antoine de Gontaut-Biron (1700-1788), futur maréchal de Biron. Ce dernier modifie très peu l'aspect extérieur et intérieur du bâtiment. Les travaux de réaménagement portent essentiellement sur les jardins qui comptent dès lors parmi les plus beaux et les plus renommés de Paris. Tout en respectant l'ordonnancement classique d'un jardin à la française et les plantations anciennes, choisis par le premier propriétaire Abraham Peyrenc de Moras, Biron apporte des éléments nouveaux. Il fait doubler la superficie du parc, creuser un bassin circulaire et réaménage une partie du jardin à la mode anglaise. On connaît bien les jardins tels qu'ils se présentent à l'époque, notamment grâce à des descriptions et des planches gravées, publiées entre 1776 et 1788. Le maréchal de Biron laisse à l'hôtel le nom sous lequel il est encore connu aujourd'hui. L'HÔTEL BIRON AU XIXE SIÈCLE
À partir de 1788, de nombreux propriétaires et locataires se succèdent sur le domaine de la rue de Varenne, ainsi par exemple, le duc de Charost en 1795, qui transforme le potager en jardin anglais, agrémenté d'un point d'eau et qui loue l'ensemble du parc, pendant près d'une année, pour des fêtes champêtres où se succèdent jeux, danses, concerts et feux d'artifices. Puis le Saint-Siège qui, entre 1806 et 1810, y installe un des ambassadeurs du pape, le cardinal Caprara ; ou encore l'empereur de Russie qui y transfère son ambassade de 1810 à 1811. En 1820, la dernière propriétaire en date, la duchesse de Charost, vend toute la propriété et ses dépendances à trois religieuses, dont la mère Madeleine-Louise Sophie de Barat, fondatrice de la société du Sacré-Coeur de Jésus. La société s'installe rapidement et crée un établissement d'éducation pour jeunes filles. Durant cette période, de nombreuses transformations sont effectuées sur les bâtiments, afin qu'ils conviennent mieux à leur nouvelle affectation, ainsi que sur le parc où seules les grandes lignes du jardin à la française sont conservées. Au fur et à mesure, les décors originaux disparaissent, boiseries, ferronneries, décors peints sont vendus à de riches amateurs d'art pour financer les travaux de réaménagement. Le bassin du maréchal de Biron est comblé et on y dresse, en 1839, un petit monticule destiné à recevoir un ex-voto en remerciement à la Vierge. A la fin du XIXe siècle, le jardin est surtout utilisé comme potager, verger ou pâturage. Entre 1820 et 1904, de nombreux bâtiments à usage d'enseignement et de culte, sont construits sur le domaine et notamment la Chapelle conçue par l’architecte Lisch et achevée en 1876. La société du Sacré-Coeur de Jésus est finalement dissoute en juillet 1904 et contrainte d'abandonner ses biens immobiliers. L'HÔTEL BIRON AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE Dans l'attente d'être vendu, l'hôtel Biron et les autres bâtiments du domaine commencent à accueillir des locataires dès 1905, parmi lesquels de nombreux artistes, l'écrivain Jean Cocteau (1889-1963), le peintre Henri Matisse (1869-1954), la danseuse Isadora Duncan (1877-1927), la sculptrice Clara Westhoff (1878-1954), épouse du poète Rainer Maria Rilke (1875-1921), par l'entremise duquel Rodin découvre le domaine. En 1908, le sculpteur loue quatre pièces au rez-de chaussée, ouvrant sur la terrasse au sud, pour y installer ses ateliers. Il y découvre un jardin sauvage, laissé à l’abandon depuis le départ de la congrégation en 1904, où il installe certaines de ses œuvres et une partie de sa collection d’antiques. A partir de 1911, il occupe tout l'hôtel Biron. En 1911, le domaine est vendu à l'Etat qui s'était engagé l'année précédente à se porter acquéreur de l'hôtel Biron, afin d'y installer le service des Bâtiments civils du ministère de l'instruction publique, et de la partie du domaine du côté de la rue de Babylone afin d'y créer un nouveau lycée (l'actuel lycée Victor Duruy). Tous les occupants quittent les lieux, à l'exception de Rodin qui s'y refuse, et œuvre en faveur de l’achat de la parcelle et des bâtiments par l’Etat en 1911. “Je donne à l’Etat toute mon œuvre plâtre, marbre, bronze, pierre, et mes dessins ainsi que la collection d’antiques que j’ai été heureux de réunir pour l’apprentissage et l’éducation des artistes et des travailleurs. Et je demande à l'Etat de garder en l'hôtel Biron qui sera le musée Rodin toutes ces collections, me réservant d'y résider toute ma vie.” Auguste Rodin - Correspondance de Rodin, tome III, 1908-1912, lettre n° 103 à Paul Escudier, fin 1909 En 1916, une loi est votée à l'Assemblée nationale, portant acceptation des trois donations du sculpteur et confirmant que l'hôtel Biron et son jardin sont entièrement affectés, sous le nom de musée Rodin, à l'exposition des oeuvres données par Rodin à l'Etat français. Léonce Bénédite est nommé exécuteur testamentaire du sculpteur. C'est donc à lui que revient la charge de conserver le patrimoine artistique de l'artiste et de veiller à l'organisation du futur musée. L'HÔTEL BIRON AUJOURD'HUI Classés au titre des monuments historiques en 1926, l'hôtel et le jardin ont fait, depuis cette date, l'objet d'importants travaux de remise en état, de rénovation et de réaménagement afin d'affirmer leur vocation muséale. Les commentaires sont fermés.
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Juillet 2019
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