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LE VAL DE TRAVERS

17/11/2017

 


Echappées belles au Pays de l’absinthe 
dans le Val de Travers 
Par Colette de Lucia

Le Pays de l’absinthe se niche au cœur de la belle région du Val de Travers, dans le canton de Neuchâtel. C’est une destination de rêve pour les touristes qui souhaitent contempler une belle nature tout en partant sur les traces de la fée verte, cette mythique boisson à la saveur anisée à nulle autre pareille. Allez donc, le temps d’un week-end, sur les traces de la Fée Verte à la renommée mondiale, en remontant dans le temps, de l'époque de la prohibition à nos jours, au travers d’un itinéraire historico-culturel qui vous mènera du Creux du Van où l’on peut apercevoir chamois et marmottes en liberté, jusqu’aux Bayards, en passant par Couvet et Môtiers.
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Photo © Matthias Taugwalder - Val de Travers, Le Creux du Van
Sur l’éminence du Creux du Van à l’horizon duquel s’offre un panorama grandiose commence une exquise promenade le long de ses falaises, en forme de fer à cheval, qui culminent à une hauteur de 160 mètres. Ce cirque rocheux majestueux vous convie à la balade, et à la méditation aussi. C'est  dans ce lieu magnifique du Val-de-Travers au cœur d’une nature luxuriante, classée réserve naturelle depuis 1876, que je vous invite à plonger au cœur de « la rébellion »

La "grande histoire" de l’absinthe
L’histoire de l’absinthe, dès son origine, est plutôt hasardeuse. Pythagore et Hyppocrate en auraient fait usage dans l’Antiquité dans des préparations alcoolisées. Consommée sous forme de vin d’absinthe, on lui prêtait en effet des vertus à la fois aphrodisiaques et stimulantes pour la créativité. En revanche, l’on sait que le Pays de Neuchâtel, dans le Val de Travers est le véritable berceau de la fabrication de l’eau de vie d’absinthe.

Mais si la plante d’absinthe était utilisée depuis l’Antiquité, le distillat à base d’absinthe est véritablement datée à partir du dernier tiers du 18e siècle. Ce serait une herboriste et rebouteuse - Henriette Henriod  - habitant le petit village neuchâtelois de Couvet, qui aurait élaboré, avec sa sœur, un élixir d'absinthe de leur fabrication, et ce, à la demande d’un client. La formule était composée de quatre plantes - absinthe, anis vert, fenouil et hysope - inausées dans de l’eau-de-vie de vin. Lequel élixir devint rapidement un breuvage médicinal que recommandait le brave docteur Pierre Ordinaire, un médecin franc-comtois, venu trouvé refuge, après la Révolution française, à Couvet où vivaient les deux « demoiselles Henriod », comme on les appelait à l’époque.

Tant et si bien que l’élixir d’absinthe, prescrit par le docteur Pierre Ordinaire, aux fins de soigner ses malades, se répandit dans toute la région comme une traînée de poudre. D’autant que le bon docteur Ordinaire vendait lui-même un « extrait d’absinthe ». Avait-il acheté la recette de Henriette Henriod? Bref, il y eut un tel engouement dans la région pour ledit remède que cela cela donna l’idée au major Daniel-Henri Dubied, négociant en dentelles, de proposer à Henriette Henriod de lui acheter sa recette afin de donner à la liqueur l’essor industriel qu’elle méritait. Elle  finira par lui céder sa formule.

Or,  bien que rompu aux affaires, le major Dubied ne connaissait rien du métier de la distillation! Alors, la formule de Henriette Henriod en poche,  il s’adjoint les compétences de son gendre Henri-Louis Perrenod (1776-1851), fils d’Abram-Louis Perrenoud, bouilleur de cru de son état (nom qui se transformera plus tard en Perrenod, puis Pernod), afin de mettre au point la première recette d’absinthe apéritive en 1797. L’année suivante, en 1798, il fonde à Couvet avec son fils Marcelin sa première distillerie d’absinthe industrielle au monde,  sous la raison sociale « Dubied père et Fils ». 
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Le succès de cet apéritif est tel que la production devient trop faible par rapport à la consommation dans le Val de Travers. Henri-Louis Perrenod cessera donc de faire commerce  avec son beau-père pour monter sa propre distillerie à Pontarlier, en Franche-Comté où la demande ne fait que s’accroître, où il s’installe avec un des fils Dubied, en 1804. Ainsi, cela lui permet d’éviter les droits de douane élevés que le fisc impérial prélevait sur l’absinthe importée de Suisse. Sous l’appellation tout d’abord de Perrenod fils qui deviendra en 1805 Pernod Fils,  cette première marque de spiritueux français fait un tabac! Ironie du sort, quand Henri-Louis Perrenod, Suisse de souche, devint veuf, il se remariera en 1807 avec Emilie Dubied, la propre fille du major. De cette union, est né Edouard Pernod, qui est à l’origine des branches Gempp-Pernod et Legier Pernod, outre la distillerie de Couvet que lui confia son père en 1829. C’est bel et bien une histoire de famille! Enfin, quand Henri-Louis Pernod meurt le 8 décembre 1851, quatre ans après son propre fils, Louis, Emilie décide de reprendre l’affaire, secondée par ses deux petits-fils. Ainsi, la dynastie se poursuit.

C’est donc bien dans le Val-de-Travers, à Couvet, que naquit au milieu de ce 18e siècle la fée vert. Sa renommée internationale était telle que tous les intellectuels, peintres, poètes tels que Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, Musset, Poe, Appollinaire et tant d’autres, sans oublier les classes les plus modestes, tous raffolaient de cette eau de vie au 19e siècle. En France, l’Heure verte était devenue quasiment une institution entre cinq et sept heures. Les soldats et officiers de l’armée française en consommaient à profusion. On dit que chaque Français consommaient en moyenne deux litres d’absinthe par an! C’était tellement courant qu'on employait l’expression « heure verte » pour désigner cette tranche horaire chérie par toutes les couches sociales. Finalement, cet apéritif, produit en énormes quantités, devint la boisson alcoolisée la moins chère. Dans le Val-de-Travers, la production d’absinthe connaît également un bel essor, générant beaucoup d’activités. entre la récolte, le transport et la distillation, c’est un atout économique incontestable pour la région.
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A la fin du 19ème siècle, ce succès n’est pas du goût du tout des ligues antialcooliques. l'absinthe est sous le feu croisé des critiques. On l’accuse de provoquer des crises d’absinthisme, autrement dit des troubles intellectuels, accompagnés de convulsions épileptiformes dues non à l’absinthine, mais à l’action vénéneuse de l’essence d’absinthe. Du coup, on lui prête tous les maux de la société, y compris des crimes: "Pernod Fils perd nos fils", disait-on alors. Quant aux milieux des abstinents, ils incriminent la thuyone contenu dans l’absinthe, laquelle rendrait fou ou aveugle. On sait pertinemment aujourd’hui qu’il n’en est rien: ce sont l’abus d’alcool et les frelatages divers qui expliquent ces "coups de folie" dont l’absinthe s’était rendue coupable. En effet, le prix très bas de cet alcool d’absinthe permettait une consommation excessive, la rendant nuisible par l’abus qu’on en faisait, d’une part, et d’autre part, beaucoup de fabricants peu scrupuleux, au lieu de distiller les diverses plantes qui rentrent dans sa composition normalement, en les faisant macérer dans l’alcool, la préparaient à froid, sans distillation aucune, en se contentant de mélanger plusieurs essences bon marché dans l’alcool.

Et ce fut le 5 juillet 1908, à la suite d’une tuerie familiale survenue au Pays de Neuchâtel, que l’on s’empresse d’attribuer à une consommation exagérée d’absinthe, et que les milieux des abstinents, dont les ligues antialcooliques, notamment de la Croix-bleue plébiscitent l’introduction dans la Constitution fédérale d’un article prohibant "la fabrication, l'importation, le transport, la vente, la détention pour la vente de la liqueur dite absinthe dans toute l'étendue de la Confédération." Au terme d’une vive campagne relayée par des affiches et des études toujours alarmistes, la fabrication et la commercialisation de l’absinthe sont interdites sur tout le territoire suisse, et dès le 7 octobre 1910 à minuit, cette loi entre pleinement en vigueur et la fée verte entre désormais dans la clandestinité. 

En effet,  la résistance s’organise aussitôt: riien que dans le  Val-de-Travers, 60 à 80 bouilleurs de cru continuent à produire allègrement de l’absinthe dans la plus totale illégalité, tandis que des producteurs profitent de cette prohibition pour développer des succédanés anisés, respectant les lois en vigueur. Il faudra attendre 1932 avec le pastis Paul Ricard pour qu’un apéritif connaisse un succès égale à celui de l’absinthe.

Durant le 20e siècle, cette production clandestine d’absinthe forge l’identité de la région du Val de Travers. La répression est constante, mais curieusement, elle suscite l’intérêt pour cette boisson distillée en grand secret, voire même un grand attrait. Il est amusant, voire excitant de transgresser les lois. Il faut dire que cette activité illicite constituait pour les paysans une ressource économique non négligeable. Certains fabricants clandestins qui n’avaient pas pu passer dans les mailles du filet, étaient sanctionnés. Les inspecteurs de la Régie fédérale des alcools jouent constamment au chat et à la souris. La dernière grande rafle remonte à 1983. Les fautifs avait commis la grande erreur de vouloir éviter de s’acquitter des taxes prélevées par la Régie sur l’alcool agricole, base de l’absinthe, en allant se fournir à l’étranger....
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Enfin, après un siècle de prohibition, les lois d’interdiction sont levées, dès mars 2005, en Suisse, à la suite de la suppression par le Parlement fédéral de l’article constitutionnel la prohibant. Le Val-de-Travers tout entier sort de la clandestinité et renoue avec la tradition qui a fait sa renommée. Mais ce n’est pas seulement le Val-de-Travers qui retrouve toute liberté de produire la fée verte.  Interdite en 1910 en Suisse, et en 1915 en France, et continuellement fabriquée clandestinement, elle est devenue un mythe. Elle n’a plus ce parfum d’interdit qui exaltait certains, mais elle séduit depuis quelques années de plus en plus. Depuis sa légalisation, moult distillateurs produisent des Fées vertes dans tout le Val de Travers et à nouveau, souffle un vent mi anisé mi-absinthé qui inonde toute la vallée.

Partez donc à la découverte du Val-de-Travers, cette vallée restée authentique, composée de onze villages parmi lesquels Boveresse, Buttes, Couvet, Fleurier, La Côte-aux-Fées, Les Bayards, à commencer par l’incontournable distillerie Bovet à Môtiers. Dans cette dernière, Willy Bovet qui a débuté dans les années 70, reste un des rares distillateurs de la région à récolter encore ses herbages à la main auprès des agriculteurs du Vallon, en les séchant ensuite à l’ancienne, durant plusieurs mois, dans la grange au-dessus de la distillerie. A  l’artisanale Valote Martin de Boveresse, Francis martin, quant à lui, reçoit ses hôtes dans cette vieille demeure, datant de 1777, inscrite au patrimoine national. A l’extérieur, un jardin à la française du 18e siècle où on y cultive toutes les plantes nécessaires à l’élaboration des cinq plantes pour fabriquer de l’absinthe, distillée à l’ancienne. A noter, en 2014, Francis martin s’est associé avec son fils Philippe, qui reprendra le flambeau pour transmettre ce savoir-faire familial.

Allez à la rencontre d’anciens producteurs clandestins en passant par les visites d’absinthries, de séchoirs ou de l’incontournable Maison de l’absinthe, où vous serez littéralement transporté dans l’univers de l’absinthe. Cette Maison est formidable: c’est un centre dédié à l’absinthe unissant de manière inédite culture, économie et tourisme. C’est une véritable incursion dans le monde de la prohibition, son incroyable histoire jusqu’à ses récentes évolutions. C’est un voyage dans le temps, du passé au présent, entre mythe et réalité, permettant de comprendre mieux le lien ténu qui lie à la fois la plante, la boisson, le terroir et l’identité régionale. A la Maison de l’Absinthe, vous pouvez déguster diverses productions régionales de la Fée verte et vous documenter pour mener à bien votre périple sur la Route de l’Absinthe au travers de trois incontournables : l’histoire, la nature et la gastronomie.

Une autre incontournable visite : Le Séchoir à Absinthe. Classée monument historique, cette imposante bâtisse, tant au point de vue de son architecture que de sa fonctionnalité, est unique au monde !  Construit en 1893, « ce séchoir tournait à plein régime récoltant et séchant à plat sur des liteaux superposés, les plantes d’absinthe des producteurs de toute la région. L’interdiction de l’absinthe dans toute la suisse signe la fin de ses activités agricoles. depuis, le séchoir s’est trouvé une nouvelle vocation culturelle, rattaché au musée régional. il abrite une exposition sur la culture et le séchage des plantes d’absinthe. Le musée régional y présente de nombreux documents et objets liés à la culture des plantes entrant dans la fabrication de la célèbre Fée et toute une série de véhicules agricoles et hippomobiles. »

La route sur les traces de la Fée verte a tout pour plaire! Vous y ferez des haltes gourmandes, étendrez votre itinéraire jusqu’en France,  découvrirez diverses absinthes, rencontrerez des distillateurs, apprendrez le mode de dégustation raffinée de l’absinthe on versant goutte après goutte la fraîche et divine ondée sur le sucre jusqu’à dissolution de celui-ci, visiterez les beaux villages neuchâtelois du Val de Travers. Bref, vous ferez l’expérience inoubliable d’entrer dans un monde à part!

Texte © C. de Lucia - Photos © G. Perret
INFORMATIONS


Dégustations de l’absinthe


-- Chez Willy Bovet 
-- Francis et Philippe Martin


Visites
— La route de l’absinthe

— La maison de l’Absinthe

-- Le Musée de l’Officine de verre à Couvet

— Le séchoir à absinthe de Boveresse

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